Comprendre Medjugorje : Regard historique et théologique — Chapitre I

L’évolution d’une recherche

Daria Klanac, Comprendre Medjugorje : Regard historique et théologique, avec la collaboration du théologien Arnaud Dumouch, Informativni centar Mir, Medjugorje, en coédition avec les Éditions Sakramento, Paris, 2012, 2e éd. (1re éd. 2008, ISBN 978-2-915380-19-4 & 978-9958-36017-6), chapitre i, pages 13 à 17.
English Translation : The Developmental Path to My Investigations
 

 

[p. 13] 

 
Le combat singulier:
David prit son bâton en main,
Il se choisit dans le torrent
Cinq pierres bien lisses
Et les mit dans son sac de berger,
Sa giberne, puis, la fronde à la main,
Il marcha vers le Philistin.
Premier livre de Samuel (17, 40)

 

L’évolution d’une recherche

 

J’ai entendu parler des événements de Medjugorje à la fin du mois de juin 1981. J’y ai effectué mon premier voyage en août 1984. Au fil des ans, je me suis intéressée à Medjugorje au point d’entreprendre des recherches touchant cet événement. Originaire de Croatie, j’ai le privilège de parler la langue du pays. Je considère aussi comme un avantage de ne pas être native de ce lieu, et donc d’être libre de liens émotifs qui pourraient influencer la lecture des événements. En outre, le fait de vivre en dehors du pays (à Montréal) me donne une distance qui me permet de garder un sens critique.

Depuis 1981, Medjugorje a fait l’objet de maintes observations tant scientifiques que religieuses. De nombreux ouvrages, pour ou contre, ont vu le jour. Est-ce Dieu par Marie qui agit là ou bien Satan déguisé en Notre-Dame ? Les objections ne manquent pas. Il est difficile de rester indifférent.

Cependant, l’esprit du message provenant de Medjugorje résiste aux objections. Il s’étend et embrasse le monde en ouvrant, par [p. 14]Marie, les cœurs qui se tournent vers Dieu par la prière, les sacrements, la redécouverte de la Bible, autant de fruits que l’Église souhaiterait pour chaque communauté chrétienne.

C’est véritablement un renouveau eucharistique sous la conduite de Marie.

Depuis 24 ans, j’ai organisé plus de 90 pèlerinages, accompagné des milliers de pèlerins et fait des recherches sur place grâce à ma connaissance du croate, ma langue maternelle. J’ai vécu à travers cela une expérience de foi, non en marge, mais comme au cœur même de l’Église.

La bibliographie sur Medjugorje est impressionnante. Elle provient aussi bien de fervents de Medjugorje que d’opposants.

Un des premiers qui a fait connaître Medjugorje en France, aux pays francophones et au monde est l’abbé René Laurentin. Journaliste, théologien et mariologue, il s’est rendu à Medjugorje régulièrement pour s’informer et prendre des notes. Malgré les critiques dont il fait l’objet, le fruit de son travail est volumineux, détaillé et d’une importance majeure pour la chronologie de Medjugorje.

Des études médicales plus soutenues sur les voyants ont été faites sur place par l’équipe du Professeur Henri Joyeux de l’Université de Montpellier en France. Les résultats sont publiés afin d’être connus de tous.[4]

Les opposants ont surgi par la suite. Souvent, ils n’ont même pas pris le temps de se rendre sur place. Pourtant, étant contre Medjugorje, ils arrivent à faire autorité même si leur méthode fait défaut.

Nos recherches respectives portent notamment sur les premiers jours des apparitions. Je me suis penchée en premier sur les travaux [p. 15]d’Ivo Sivrić[5], ensuite, plus particulièrement, sur ceux de l’historien Joachim Bouflet.[6] Leurs études, écrites avec beaucoup d’animosité, contiennent de nombreuses interprétations erronées que j’ai déjà soulignées dans mes précédents ouvrages.

Je me suis gardée de publier l’analyse de l’œuvre de l’anthropologue Élisabeth Claverie[7], hautement politisée, ceci afin de ne pas me perdre dans les eaux troubles de l’écriture confuse qui lui est propre dans le cas présent. Sa présentation de l’histoire de la vie sociale, politique et religieuse en Bosnie-Herzegovine présente des failles profondes que je ne peux pas élaborer ici. Je déposerai mes observations sur sa recherche dans les archives de Medjugorje. Camus disait que « mal nommer les choses, c’est ajouter au malheur du monde ». Dans Les guerres de la Vierge d’Élisabeth Claverie, le manque de « conscience des mots » fait mal et n’inspire pas une culture de la paix.[8]

Encouragée par le désir de vérité qui, de nos jours, est très souvent relativisée, j’ai présenté dans mon livre Aux sources de Medjugorje la transcription des premiers interrogatoires avec les voyants dont j’ai réussi à obtenir et sauvegarder les cassettes audio originales.

La diffusion persistante d’opinions négatives sur Medjugorje m’a incitée à réexaminer ces archives qui constituent une documentation de valeur. Cela m’a permis de publier un deuxième livre intitulé Medjugorje : réponses aux objections.

Les ouvrages, autant ceux qui sont favorables que ceux qui sont opposés à Medjugorje, m’ont incitée à persévérer dans [p. 16]la recherche. En effet, certains auteurs auraient pu aiguiser leur regard critique et faire montre de plus de rigueur historique. D’autres, considérant a priori que les apparitions sont fausses, ont persisté dans leur manque d’objectivité et se sont lancés dans des discours qui n’aident pas au discernement. Des fausses notes dans la chronologie des événements se sont échappées d’un côté comme de l’autre.

Ayant eu le privilège d’avoir exploré sur le terrain, ma priorité n’est pas d’écrire pour défendre la cause de Medjugorje à tout prix, mais plutôt de faire connaître la vérité. J’ai consacré plusieurs années à réaliser un document synoptique qui permet de lire simultanément la retranscription croate des interrogatoires originaux, c’est-à-dire la version croate, la traduction d’Ivo Sivrić et la mienne.

Des richesses spirituelles non exploitées restent à découvrir à Medjugorje, et ceci pour des années à venir. Aussi, je ne désire pas susciter d’autres polémiques. La caravane passe et avance en laissant sans regret les rumeurs se dissiper dans la brume. Cependant, chaque étude ouverte et honnête peut aider la cause de Medjugorje. Il y a, malheureusement, des auteurs qui ne se rendent pas compte jusqu’où leur passion peut les mener. Dans le cas de Medjugorje, ils propagent des calomnies sans retenue, sans tenir compte des torts immenses causés par la médisance !

La règle de discernement en usage à la Congrégation pour la doctrine de la foi est clairement exprimée dans un article paru le 18 mars 1990 dans La Voix du Concile, le journal officiel de l’Église croate: « Donc, quiconque va fouiller dans la vie privée des voyants et des autres adeptes du sanctuaire, quiconque fait des recherches et diffuse aux quatre vents leurs faiblesses réelles ou inventées, pour prouver par là la fausseté des apparitions, ne connaît évidemment pas la méthode et la praxis de l’Église et plus particulièrement ne craint pas Dieu qui défend [p. 17]non seulement la calomnie, mais aussi la diffamation. Divulguer les péchés d’autrui, réels ou tout simplement inventés, est un péché de diffamation qui peut être grave. »[9]

 

4. Laurentin, René et Joyeux, Henri, Études médicales et scientifiques sur les apparitions de Medjugorje, Éditions O.E.I.L., Paris, 1985. [↩]

5. La face cachée de Medjugorje, Éditions Psilog, Saint-François-du-Lac, 1988. [↩]

6. Medjugorje ou la fabrication du surnaturel, Éditions Salvator, Paris, 1999 — Ces dix jours qui ont fait Medj’, Éditions CLD, Tours, 2007. [↩]

7. Les guerres de la Vierge, NRF Essais, Éditions Gallimard, Paris, 2003. [↩]

8. Voir Annexe III, p. 231. [↩]

9. Glas Koncila (La Voix du Concile), hebdomadaire catholique croate fondé en 1962 et publié par l’Archevêché de Zagreb [ISSN 0436-0311]. [↩]

 

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