Medjugorje : Réponses aux objections — Chapitre VIII

« Encore trois jours seulement »

Daria Klanac, Medjugorje : réponses aux objections, Le Sarment, Paris, 2012, 2e éd. (1re éd. 2001, ISBN 2-866-79322-6), chapitre viii, pages 81 à 87.

Pages liées

Histoire des apparitions
 

 

[p. 81] 

CHAPITRE VIII

« Encore trois jours seulement »

Objection

Et Mgr Perić ajoute plus loin : « Ceux qui depuis quatorze ans déjà affirment littéralement que la “Reine de la Paix apparaît chaque jour” à Medjugorje (bien que le 30 juin 1981, il ait été dit que les “apparitions” devaient durer “encore trois jours seulement”), ne savent peut-être pas comment stopper le processus sans faire cesser en même temps l’afflux des visiteurs qui viennent sur le lieu, attirés par les prétendues apparitions » …[39]

[p. 82]Réponse

Au soir du 30 juin 1981, au presbytère, tous les voyants, à l’exception d’Ivan, étaient présents à l’interrogatoire. La situation était dramatiquement tendue. Les franciscains ne comprenaient pas clairement ce qui se passait. Les gens étaient dans l’embarras. Les voyants affirmaient voir la Vierge : c’est la seule chose dont ils étaient certains. On les menaçait de prison et d’internement psychiatrique à Mostar. Ils avaient peur, cela était manifeste dans leurs conversations. Malgré tout, ils conservèrent bon moral et bonne humeur. La Providence leur avait aménagé une sortie très intéressante à l’extérieur de Medjugorje. Au cours de cette journée décisive et remplie d’imprévus se fît entrevoir un dénouement temporaire.

Tôt le matin du 30 juin 1981[40], un groupe impressionnant de policiers et divers fonctionnaires municipaux, régionaux et fédéraux envahirent Bijakovići. Il était devenu impérieux de donner un avertissement sérieux à tous ces gens : aux franciscains, aux voyants, à leurs parents ainsi qu’au peuple en général, car cela ne pouvait plus continuer ainsi. La foule nombreuse inquiéta tout le monde sans être utile à personne, ni aux enfants, ni à l’Église, ni aux autorités. Les voyants avaient d’ailleurs plusieurs fois exprimé le désir d’être tout à fait seuls avec la Vierge.

[p. 83]Le curé, le P. Jozo Zovko, fut ce jour-là particulièrement intarissable dans ses questions. Dès le début de la rencontre il apprit par la voyante Mirjana que les apparitions devaient cesser bientôt.

Mirjana : « Je lui ai demandé combien de jours elle va rester avec nous. Combien de jours exactement elle restera avec nous. » Elle a dit : « Trois jours. »

P. Jozo Zovko : « Encore ? »

Mirjana : « Encore trois jours, cela signifie jusqu’à vendredi. »

D’après la réponse de Mirjana, ce n’est pas Gospa qui a dit « encore », mais le P. Jozo, parole que répète Mirjana après lui, pour conclure.

Pour expliquer ces « trois jours », plusieurs hypothèses sont possibles.

Hypothèse 1 : Le projet de Mica

Mica, employée à la mairie de Čitluk fut envoyée auprès des voyants en tant que travailleuse sociale et voisine, pour suivre le dossier « apparitions ».

Elle devait quitter le pays trois jours plus tard pour se rendre en Allemagne; elle avait déjà son billet d’avion. Elle souhaitait que son « travail » en rapport avec les « apparitions » soit terminé avant son départ. C’est ainsi qu’elle suggéra aux voyants de poser à Gospa la question de la « durée » des apparitions.

Ce souhait de Mica aurait-il un lien avec la réponse obtenue par les voyants ?

[p. 84]Mica : « Cela signifie jusqu’à vendredi, ce qui veut dire que je peux partir tranquillement samedi… Elle [Gospa] l’a arrangé pour moi. Peut-il y avoir un lien ? Je pars samedi, je pars pour l’Allemagne, samedi. J’ai acheté mon billet il y a quinze jours. Il y a là quelque chose… ! Je suis responsable d’eux, je réponds en tant que travailleuse sociale et voisine. »[41]

Hypothèse 2 : Les voyants eux-mêmes

Tous, voyants, franciscains et population, s’interrogeaient sur la durée des apparitions.

Dans cet État de l’ex-Yougoslavie, dominé par une idéologie unilatérale, le pouvoir communiste disposait à ce moment-là de toute une gamme de moyens d’intimidation par la force, la menace et la peur. L’appareil municipal, régional et fédéral était en branle. L’alerte avait été donnée. Il fallait à tout prix empêcher cette « action hostile » qui s’opposait aux « intérêts du peuple », protéger « les citoyens croyants » des « clercs nationalistes » et punir tous ceux qui y collaboraient. C’est le genre de vocabulaire que la presse quotidienne utilisait en 1981 pour menacer et faire peur aux gens.

De toute évidence, le rassemblement des foules sur la colline posait à tous de graves problèmes. C’est dans ce contexte qu’on peut comprendre l’inquiétude de Mirjana, le matin du 30 juin 1981, qu’elle traduisit ainsi :

[p. 85]Mirjana : « Quelque chose me dit, encore deux ou trois jours. Quelque chose comme cela me le dit… J’y ai pensé justement. Je leur ai dit : quelque chose intérieurement me dit cela. »[42]

Hypothèse 3 : Peut-être la Vierge elle-même

Gospa n’a pas dit « encore trois jours seulement », mais « trois jours ». Ces « trois jours » peuvent être entendus non pas comme exclusifs mais inclusifs, ce qui permettrait de comprendre cette autre parole de Gospa le 29 juin 1981, à la colline des apparitions. Ivanka, Vicka et Jakov posèrent la question : « Combien de jours vas-tu rester avec nous ? » Gospa répondit : « Autant que vous le voudrez. »

Il faut bien reconnaître que l’expression, imprécise, de « trois jours » a probablement évité aux enfants la prison ou l’asile psychiatrique dont ils étaient menacés. On aurait pu l’interpréter à la manière du langage biblique, évocateur. Le chiffre 3 exprime la notion du temps total qui englobe le passé, le présent et l’avenir (la passion, la mort et la résurrection du Christ). Il signifie aussi les jours d’épreuves qui se terminent bien (Jon 2, 1). Grâce à ces deux mots : « trois jours », la première grande crise fut dénouée, sans conséquences graves. La Vierge a cependant tenu la parole donnée aux enfants, qu’elle resterait avec eux « tant qu’ils le voudraient », c’est-à-dire tant qu’ils répondraient librement à son appel. Elle les a [p. 86]consolés en leur disant qu’ils passeraient, malgré toutes les difficultés, au travers des épreuves.

Bien que le septième jour, les voyants aient annoncé la fin des apparitions trois jours plus tard, l’équipe pastorale de Medjugorje, n’ayant pu de fait constater cette fin, ne s’est pas arrêtée à cet épisode. Les franciscains en poste ont accordé la priorité à la pastorale auprès des pèlerins qui mobilisaient chaque jour une bonne vingtaine de prêtres. Portant le poids d’une paroisse qui prenait des dimensions internationales, et dans un contexte de répression religieuse, ils ne pouvaient s’attarder à l’examen de ces « trois jours » qui leur paraissaient un détail et leur avaient sans doute échappé. D’autre part, certains disaient aux voyants qu’à Lourdes il n’y avait eu que dix-huit apparitions; or, dans ces dix jours on en avait justement comptées dix-huit, ce qui pouvait laisser croire qu’elles allaient prendre fin. Par conséquent, le sentiment était que les apparitions étaient terminées et qu’il ne fallait pas s’attendre à ce qu’elles se prolongent. C’est donc en contradiction avec ce sentiment que, le onzième jour, soit le jour qui a suivi les « trois jours », les enfants rapportèrent avoir eu une apparition là où ils se trouvaient.

L’évêque n’était venu à Medjugorje pour la première fois que le 25 juillet 1981, fête patronale de la paroisse Saint-Jacques. Si ces « trois jours » avaient eu un retentissement, il en aurait certainement été informé. Or, dans son homélie, il affirmait que rien ne laissait entendre que les enfants pouvaient mentir. Dans sa [p. 87]réflexion sur ce point précis, le P. Kvirin Vasilj, philosophe croate, prétend qu’il était plus facile de mentir sur une période de sept jours que sur une période prolongée, en fait plus de trente ans déjà.

 

39. Les Cahiers d’Edifa, Miracles, apparitions. Édition hors série, Famille chrétienne, 1997, p. 86, dernier §, tiré du livre Le Siège de la Sagesse, Mgr Ratko Perić, évêque de Mostar. [↩]

40. Interrogatoire le soir du 30 juin 1981, Aux sources de Medjugorje, pp. 159 à 192. [↩]

41. Ibid., p. 191. [↩]

42. Interrogatoire de Mirjana dans la matinée du 30 juin 1981, Ibid., p. 147. [↩]

 

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