Aux Sources de Medjugorje — Avec Notre Dame vers la culture de la paix

L’oasis de paix

Daria Klanac, Aux Sources de Medjugorje, Éditions Sciences et Culture, Montréal, 2014, 3e éd. (1re éd. 1998, ISBN 2-89092-240-5), chapitre ix, pages 193 à 222.
 

 

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L’oasis de paix

Le soir du 30 juillet 1991, à l’aéroport international de Mirabel, les départs à destination de l’Europe étaient peu nombreux. Le petit groupe du Québec avait choisi la direction de Medjugorje. Il n’y avait pas de journaliste, d’observateur, de touriste parmi eux. Le groupe restreint était constitué de simples pèlerins courageux et déterminés. Son seul but était d’atteindre Medjugorje, cette oasis de paix, pour assister à la 2e Rencontre internationale de prière des jeunes. Pleins de confiance, nous sommes arrivés à Dubrovnik. Le guide local nous a félicités et nous a vantés. En effet, notre groupe de trente pèlerins représentait le tiers des touristes dans la ville de Dubrovnik, ville touristique par excellence qui, en temps normal, possède une capacité d’accueil de soixante-quinze à cent mille personnes. L’absence de touristes rendait à la vieille ville sa beauté antique et sa fierté historique. Cette « perle croate » de l’Adriatique, ainsi abandonnée à elle-même, nous donnait l’impression de faire un voyage dans le temps, dans la profondeur de son passé célèbre.

Entre Dubrovnik, en Croatie, et Medjugorje, en Herzégovine, les plages, désertes comme interdites, en plein temps de canicule, dispersées telles une dentelle en bordure du somptueux paysage méditerranéen, témoignaient de la situation grave qui régnait dans ces régions. La sérénité de la Riviera croate trahissait l’image des souffrances endurées par ce peuple qui vivait l’épreuve de la guerre et languissait après la paix. La guerre passe, la terre reste et le peuple, attaché à elle, se blottit contre ses rochers, solide lui aussi comme la pierre.

À Medjugorje, nous ne sommes plus seuls, ni le groupe le plus nombreux. Des gens de tous les coins du monde, tous animés d’un seul désir, d’une seule pensée, d’une seule intention, venaient vivre cette rencontre de prière des jeunes dans la paix et l’unité. Rapidement, nous nous sommes rendu compte que la paix était possible parmi les humains et entre les citoyens de différentes nations. Aucune barrière de langue, de race, de religion et de culture ne faisait obstacle à notre communication. Nous avons totalement oublié la guerre qui, près de nous, faisait rage et détruisait tout sur son passage. Pourquoi cette guerre féroce et impitoyable si proche de ces lieux ?

Là, où les droits de l’homme les plus fondamentaux sont reniés, là règne la loi du plus fort, la loi de la jungle. La résistance des faibles [p. 215]fait ressortir toutes les faiblesses des puissants. En faisant des victimes, ils deviennent eux-mêmes, inévitablement, leurs propres proies.

Il est pénible de parler de pardon et même d’en entendre parler alors que les blessures sont encore ouvertes. La visite à Medjugorje, en cette période de guerre, ravive en moi tous ces appels maternels à la paix, à travers une foi ferme, la conversion, la prière, la pénitence et la réconciliation. Dans son oasis de paix, la salutation de l’ange : « Réjouis-toi, Marie, remplie de grâce », domine le sourd grondement des canons qui sèment la mort. Les grains du chapelet redonnent l’espérance et la confiance dans la certitude de la victoire finale.

Montréal, septembre 1991

 

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