Lettre intime à mes pèlerins

Le feu sacré

Daria Klanac, Lettre intime à mes pèlerins : sur les chemins rocailleux de Medjugorje, j'ai marché avec vous, Éditions Sakramento, Paris, 2015, (ISBN 978-2-915380-86-6), pages 27 à 28.
 

 

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Le feu sacré

 

Au retour de ce pèlerinage, le téléphone s’est mis à sonner bien souvent chez nous! Et de temps à autre, Pierre me laissait témoigner et commenter sa vidéo.

En 1985, des amis de la famille nous ont dit qu’ils voulaient passer Noël à Medjugorje. À peine ce désir exprimé et voilà que la nouvelle se propage, attire, rassemble. Le groupe est complet, prêt à partir et cette fois-ci, c’est à mon tour de l’accompagner… Même si le feu sacré d’aller explorer d’autres horizons sommeillait en moi depuis toujours, ce n’était certainement pas le bon moment de le réveiller! J’étais mère de quatre enfants entre trois et quinze ans et sans la permission de Pierre, je n’aurais jamais osé décoller de moi-même.

– Ne t’inquiète pas, je vais m’organiser.

Il semblait bien me connaître pour me donner tant de liberté. Rassurée un tout petit peu, mais pas complètement, j’ai accepté.

Heureusement que nous ne savons pas ce que l’avenir nous réserve, sinon nous aurions toujours peur de prendre des décisions, au risque de manquer des défis qui nous invitent au large.

[p. 28]En attendant, il fallait organiser la vie de famille pendant mon absence, préparer les repas, proposer des activités, assurer le gardiennage… La veille du départ, j’étais tellement fatiguée, que je ne voulais plus partir. Mais comment annuler? Les gens comptaient sur moi… Tout était réservé…

Heureusement, il y avait ma plus jeune sœur qui vivait aussi à Montréal et je pouvais, sans crainte, lui recommander Pierre et mes enfants qui l’aimaient beaucoup. Urica est une perle rare. C’est une vraie Marthe de l’Évangile. Je suis sûre que Jésus en personne aurait aimé se faire inviter à sa table! D’ailleurs, il y a chez elle toujours à manger à l’improviste pour les membres de la famille et les amis.

Je penche plutôt du côté de Marie, prête à suivre le Prophète, à laisser de côté les obligations quotidiennes pour aller vers l’inconnu, rechercher ce «je-ne-sais-quoi» d’infini et de nouveau. Mais il y a une part de Marthe chez moi comme il y a une part de Marie chez Urica. Ces traits de personnalité nous relient au-delà de nos différences dans une complicité toujours bienveillante.

Ma sœur est restée plus longtemps auprès de nos parents. Ils lui ont transmis l’amour de la terre, du jardinage, des fleurs. Moi, je me suis envolée jeune. J’ai passé une bonne partie de ma vie dans les airs ce qui m’a donné le goût du ciel. Pourtant, j’aimais aussi bien le décollage que l’atterrissage!

Chers pèlerins, je vous retrouve, bientôt je serai à vous.

 

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