Forum de discussion

Discussion Bouflet/Klanac (août 2009)

En novembre 2007, un nouveau fil à propos de Medjugorje est ouvert sur le forum Docteur Angélique. Plusieurs intervenants ont participé à cette longue discussion. Les extraits présentés ici regroupent les échanges entre l’historien Joachim Bouflet et l’auteure Daria Klanac en novembre 2008 et en janvier et août 2009.

Source

« Apparitions de Medjugorje - Vrai ou faux ? », Docteur Angélique — Forum de Théologie Spirituelle Catholique, 2007-, lien : http://docteurangelique.forumactif.com/…-t8582.htm.

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• Discussion Bouflet/Klanac : novembre 2008 | janvier 2009 | août 2009
Hypothèses sceptiques
 

 

Docteur Angélique
Forum de Théologie Spirituelle Catholique

Sujet: Apparitions de Medjugorje - Vrai ou faux ?
[Échanges entre Joachim Bouflet et Daria Klanac, août 2009]
 

Joachim Bouflet
Dimanche 2 août 2009 - 22h15

bonjour

la première réaction, dans le cas de Tomislav Vlašić, est un sentiment de grande tristesse : il est toujours très douloureux de voir un prêtre quitter le ministère dans ces conditions… je dois à la vérité (et sans vouloir polémiquer) les précisions suivantes.

Gospa n’a effectivement jamais dit de Tomislav Vlašić qu’il était un saint, il y a confusion avec les déclarations d’autres personnes :

Hans Urs von Balthasar aurait dit à René Laurentin, à propos de T. Vlašić : "C’est ainsi que je me représente les saints" (La Vierge apparaît-elle à Medjugorje, p. 223), et il est certains qu’il a appuyé Tomislav Vlašić après l’avoir rencontré alors que ce dernier était encore - comme il le dit lui-même et comme Laurentin l’écrit - "directeur spirituel des voyants", "directeur spirituel de Medjugorje".

Mgr Franić, archevêque de Split, ne tarissait pas d’éloges sur T. Vlašić :

"Il est sur le chemin d’une sainteté sereine que caractérisent le détachement et la force intérieure. Il supporte avec l’extrême tranquillité les plus grandes calomnies. C’est assurément une grande souffrance, mais il est tranquille, enraciné dans l’Amour. Il dit qu’il est décidé à tout souffrir sans répondre, sans se défendre. Il veut seulement aimer : aimer ceux qui le calomnient. Il semble qu’il y réussisse…" (Laurentin, Dernières Nouvelles de Medjugorje, 1985, p. 18), après que T. Vlašić eut été écarté de Medjugorje par Mgr Žanić, évêque de Mostar.

"Tomislav est un homme exceptionnel. Il donne sa mesure dans l’impossible" (R. Laurentin, Dernières Nouvelles de Medjugorje 11, 1992, p. 63)

Autant d’appréciations précipitées : on ne canonise personne de son vivant !

Enfin, vouloir à tout prix dissocier Tomislav Vlašić de Medjugorje (je ne dis pas : dissocier le cas de Tomislav Vlašić du cas des apparitions de Medjugorje) relève de la désinformation : qu’on le veuille ou non, T. Vlašić a été lié à l’histoire de Medjugorje, et tout ce qui le concerne sera pris en compte dans l’étude du fait Medjugorje. Comme les franciscains rebelles qui ont défroqué, il s’agit là d’un "mauvais fruit" des apparitions, qu’on le veuille ou non…

Voilà. Je n’entends pas polémiquer sur le sujet, mais simplement apporter quelques éclaircissements… et inviter à la prière pour Tomislav Vlašić, ce dont hélas on ne semble guère trop se soucier ici.

Joachim Bouflet

 

Joachim Bouflet
Mardi 4 août 2009 - 11h06

Bonjour,

pour répondre à Pâtre Blessé, je ne sais pas exactement combien de franciscains ont quitté l’Ordre en relation avec les faits de Medjugorje. Il y a bien sur le cas des frères Vego et Prusina, au départ, puis celui actuel de Tomislav Vlašić. On a parlé d’une dizaine, mais je ne peux pas confirmer…

Pour le Père Jozo Zovko, il est effectivement suspens a divinis par Mgr Žanić depuis le 23 août 1989 !

"Révoqué de toute faculté et mission canoniques dans le diocèse de Mostar-Duvno et Trebinje-Mrkan" Et Mgr Perić de poursuivre : "Comme actuel évêque des deux diocèses d’Herzégovine, j’ai maintenu cette décision et cette action. De plis, comme il a entendu des confessions sans la faculté nécessaire, il est tombé de facto sous le coup des sanctions prévues par le canon 1378 § 2, 2. Je le lui ai notifié dans ma lettre N° 423/94 du 14 juin 1994.La Congrégation pour l’Évangélisation des peuples a demandé en 1990 qu’il soit mis à l’écart de Medjugorje dans un "convento lontano", mais il continue de s’impliquer étroitement dans l’affaire de Medjugorje, car il réside à Široki Brijeg et visite Medjugorje. Le fr. Jozo Zovko est un franciscain désobéissant." (Lettre de Mgr Periv du 7 février 2000, Prot. N° 131/2000.

Le 26 juin 2004, Mgr Perić envoyait au P. Jozo Zovko une lettre (Prot. N° 843/2004 :

" Conformément aux normes du droit canonique, notamment les canons 1336, § 1, 2, et 1338, § 2, pour préserver cette Église locale de vos abus - sans toutefois m’immiscer dans la discipline de votre famille religieuse, et ayant présent à l’esprit votre constante désobéissance et votre manque de respect quant aux décisions des évêques diocésains, je renouvelle la déclaration selon laquelle vous n’avez pas la faculté d’exercer quelque fonction sacerdotale que ce soit sur les territoires des diocèses de Mostar-Duvno et Trebinje-Mrkan, en particulier cette d’entendre les confessions.

En ma qualité d’évêque diocésain, je vous invite une fois de plus - comme je l’ai fait plusieurs fois dans le passé - à régulariser votre situation sacerdotale si vous souhaitez vivre et travailler dans cette Église locale. Dès lors que j’aurai reçu de votre part une demande écrite, c’est bien volontiers que je vous montrerai ici, à Mostar, toute la documentation disponible conservée à la chancellerie diocésaine, relative à vos activités pastorales illicites ainsi qu’à votre vie morale.

Je vous notifie par la présente que cette décision sera publiée dans la prochaine parution de Vrhbosna, le bulletin officiel des diocèses de Bosnie-Herzéovine ?"

Le P. Zovko n’a donné aucune suite à cette lettre de Mgr Perić et a persévéré dans ses "activités illicites", allant même jusqu’à se prévaloir d’une prétendue bénédiction que lui aurait accordée Jean-Paul II. Finalement, le provincial des franciscains d’Herzégovine a accepté, après des années d’inertie, de déplacer (l’an dernier) Jozo Zovko dans un "convento (à peu près) lontano", conformément aux demandes de Rome…

Enfin, si Gospa n’a pas dit que Tomislav Vlašić était un saint, elle l’a quand même encouragé par la bouche des visionnaires :

"Remerciez Tomislav, qui vous guide si bien !" (28 février 1982)

et

"Tomislav a bien commencé, qu’il continue ! Il est sur la bonne voie." (septembre 1983)

on peut trouver ces "messages" dans divers corpus non expurgés, notamment le Corpus Chronologique de René Laurentin, p. 129 et 179

 

Daria Klanac
Mercredi 5 août 2009 - 15h24

Bonjour à tous,

Quelques précisions :

Les franciscains de la province franciscaine de Mostar qui ont été bannis ou défroqués ne viennent pas tous de Medjugorje et n’y ont pas séjourné.

Le père Prusina, que mentionne Joachim Bouflet, n’a jamais quitté l’ordre malgré son conflit avec l’évêque (cf Réponses aux objections, chapitre ii).

Tomislav Vlašić n’a jamais été le directeur spirituel des six voyants, mais plutôt du groupe de prière de Jelena. Du temps où il était à Medjugorje, le père Vlašić a été un prêtre aimé et respecté de tous. Ce que Medjugorje vit en ce moment n’est ni sa première ni sa dernière épreuve. Cette purification ne peut que l’aider à croître dans l’humilité. 

La mise au point publié par Zénit dit clairement : La perte de l’état clérical du Père Vlašić n’est pas un jugement sur Medjugorje. Et cette mesure ne lui a pas été imposée par le Saint-Siège, mais c’est lui-même qui l’a demandé.

Dans cette situation délicate et douloureuse pour tous, la meilleure attitude serait de ne jeter de pierres à personne, car personne n’est sans péchés.

Il est important aussi de prendre en considération la déclaration du cardinal Tarcisio Bertone, secrétaire d’État et ancien secrétaire de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi : « Les déclarations de l’évêque de Mostar reflètent une opinion personnelle, elles ne sont pas un jugement définitif et officiel de l’Église. Tout est renvoyé à la déclaration de Zara des évêques de l’ex-Yougoslavie, du 10 avril 1991, qui laisse la porte ouverte à de futures enquêtes. La vérification doit donc se poursuivre. En attendant, les pèlerinages privés avec un accompagnement pastoral des fidèles, sont autorisés. Enfin, tous les pèlerins catholiques peuvent se rendre à Medjugorje, lieu de culte marial où il est possible de s’exprimer à travers toutes les formes de dévotion » (Entretien du cardinal Bertone avec Giuseppe De Carli, trad. Marie-Ange Maire Vigueur, La dernière voyante de Fatima, Bayard, Paris, 2008, page 109).

Le cas de Tomislav Vlašić est clos, celui de Medjugorje reste ouvert. Imitons un peu plus la sagesse de Rome dans son effort de discernement.

Pendant que beaucoup de forums dans le monde s’acharnent actuellement sur le passé de Tomislav Vlašić, à Medjugorje, dix mille jeunes assistent à la messe d’ouverture du 20e Festival des Jeunes (du 31 juillet au 6 août). La messe est concélébrée par 342 prêtres et la Parole proclamée en 16 langues.

Daria Klanac

 

Joachim Bouflet
Mercredi 5 août 2009 - 16h35

Chère Daria Klanac

merci pour ces précisions. Pour le père Prusina, je m’en tenais à l’information donnée par René Laurentin, qui s’avère donc erronée… Je n’ai jamais dit que tous les franciscains qui ont quitté l’Ordre avaient un lien avec Medjugorje, je signalais simplement qu’on estimerait à une dizaine ceux qui pnt quitté la province de Mostar.

Comme vous le dites, "le cas de Tomislav Vlašić est clos, celui de Medjugorje reste ouvert".

Attendons et prions.

Je dois néanmoins préciser que, dans sa lettre du 13 avril 1984 à Jean-Paul II, Tomislav Vlašić se présente comme "celui qui, par la divine Providence, dirige les voyants de Medjugorje". C’est lui qui l’écrit, je ne fais que le citer…

amicalement.

Joachim Bouflet

 

Daria Klanac
Jeudi 6 août 2009 - 17h38

Cher Joachim Bouflet,

Effectivement dans sa lettre au Saint-Père, Tomislav Vlašić se dit être le guide spirituel des voyants. À cette époque il dirige plutôt le groupe de prière de Jelena et Marijana, et c’est dans ce groupe de prière qu’est né le sentiment d’une nécessité urgente de s’adresser au Saint-Père.

Il n’a pas dirigé les six voyants et lui-même décrit avec beaucoup de réalisme la situation qui prévaut durant son séjour à Medjugorje : « En effet, ils se trompent ceux qui s’attendent à ce que Gospa prenne le rôle de l’Église ici, sur terre en l’occurrence, qu’elle assume la tâche de guider spirituellement les voyants. Ils ont besoin d’attention maximale et de soutien car ils ont des défauts comme tout le monde… Ici, nous n’avons pas réussi à leur prodiguer assez d’attention. Ils sont dispersés: Mirjana à Sarajevo, et nous la voyons rarement, Ivan à Dubrovnik, Ivanka et Marija à Mostar. Ils ne viennent que de temps à autre. Vicka et Jakov sont ici mais ils sont très accaparés par le travail, les pèlerins, les curieux, en outre Jakov va à l’école. Nous manquons de prêtres réguliers qui pourraient s’occuper de leur direction spirituelle… Dommage ! » (Chronique de la paroisse de Medjugorje, 4 juin 1983, page 141).

Les théologiens Hans Urs von Balthasar, l’Abbé Laurentin, monseigneur Frane Franić et d’autres voyaient dans la personne de Tomislav Vlašić, avant son départ pour l’Italie, un franciscain sur la voie de la sainteté. Je l’ai connu personnellement et c’est l’impression qu’il donnait à tous.

La plupart des franciscains qui ont quitté par la force des choses auraient aimé rester dans l’ordre et avec Medjugorje. Malheureusement, le conflit avec l’évêque, mal géré d’un côté comme de l’autre, les a contraints à abandonner. Mais cela n’est pas notre sujet. Les gens en général ne connaissent pas l’histoire socio-culturelle et religieuse de cette région de l’Europe, sur la frontière qui sépare orient et occident, où cohabitent trois peuples, trois religions, trois cultures. Malgré tout, Medjugorje relie aujourd’hui tous les peuples dans leur désir de rencontrer Dieu : plus de 60 pays sont représentés au 20e Festival des jeunes qui se termine aujourd’hui.

Daria Klanac

 

Joachim Bouflet
Jeudi 6 août 2009 - 17h45

Chère Daria Klanac

Je vous remercie pour toutes ces précisions.

Je n’ai pas connu personnellement Tomislav Vlašić, en revanche j’ai rencontré le défunt père Slavko Barbarić, qui m’a donné l’impression non seulement d’un homme intelligent et ouvert, mais également d’un saint prêtre.

Je suis tout à fait d’accord avec ce que vous écriviez : "Le cas de Tomislav Vlašić est clos, celui de Medjugorje reste ouvert".

En union de prière et en toute amitié.

Joachim Bouflet

 

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