Medjugorje : Réponses aux objections — Chapitre IV

« L’évêque est un loup et un hypocrite »

Daria Klanac, Medjugorje : réponses aux objections, Le Sarment, Paris, 2012, 2e éd. (1re éd. 2001, ISBN 2-866-79322-6), chapitre iv, pages 55 à 60.

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Histoire des apparitions
 

 

[p. 55] 

CHAPITRE IV

« L’évêque est un loup et un hypocrite »

Objection

« L’évêque aussi croyait au début. » Ce n’est pas vrai. Tandis que les communistes persécutaient les franciscains, les « voyants » et les « pèlerins », je les ai tous défendus et évidemment je n’ai pas changé d’opinion « sous la menace de la commission de la République, ou parce que les prêtres du diocèse attendaient cela de moi ». Ce n’est qu’une calomnie fabriquée par un grand nombre de gens. Alors que je défendais publiquement les franciscains emprisonnés, le P. Jozo Zovko déclara pendant l’enquête que l’évêque était un « loup » et un « hypocrite ». Ce sont les mots exacts écrits au procès. L’avocat de Zovko demanda à un collègue ce que je lui avais fait pour qu’il porte de si lourdes accusations.[26]

[p. 56]Réponse

Les relations entre le P. Jozo Zovko, curé de la paroisse de Medjugorje, et Mgr Pavao Žanić, évêque de Mostar, étaient, au début des apparitions, tout à fait convenables. D’autant plus que la répartition des paroisses ne touchait pas Medjugorje, l’une des paroisses les plus pauvres. Dans les premiers jours, le P. Jozo garda une attitude vigilante et sévère à l’égard des voyants. Mgr Žanić, pour sa part, était clément et compréhensif. Les interrogatoires menés par le P. Jozo auprès des enfants l’amenèrent à accueillir l’idée des apparitions. De son côté, l’évêque se montra de plus en plus réservé. Ils allèrent finalement prendre des positions contraires et s’y engager fermement chacun de leur côté. Leurs divergences révélèrent autant leurs qualités que leurs défauts.

L’évêque Žanić expliqua que tous les appels à la prière, à la réconciliation et au jeûne étaient l’invention du P. Jozo qui les avait ensuite attribués à Gospa. Quant au P. Jozo, il attribuait à Gospa les messages que lui transmettaient les voyants. Ces messages sont si évangéliques que certains ont pu croire à une copie de l’Écriture Sainte. Une telle interprétation n’est cependant pas soutenable du fait que les enfants connaissaient trop peu les textes bibliques. De son côté, le P. Jozo trouvait qu’après sa rencontre avec les autorités communistes à Sarajevo, en août 1981, Mgr Žanić n’était plus le même.

Le 17 août 1981, le curé fut vitime du régime, jugé et emprisonné. Dans une lettre à un père salésien [p. 57]des États-Unis[27], Mgr Žanić affirma que, lors de son procès, le P. Jozo Zovko l’avait traité de « loup » et d’« hypocrite », et que ces paroles avaient été consignées dans le procès-verbal rédigé par le représentant du gouvernement communiste. Voici ce que Me Milan Vuković, avocat du P. Jozo, répondit à cette accusation de l’évêque dans ses lettres datées du 6 et du 7 avril 1990 :

Excellence,

Je suis désolé que, dans votre pamphlet sur Medjugorje, p. 11, n° 20, vous ayez apporté des renseignements entièrement faux sur mon protégé et sur moi-même.

L’avocat développe ensuite son argumentation :

J’avoue que je suis étonné, venant d’un évêque, d’un tel mensonge et de cette affaire montée dont vous vous êtes servi dans votre pamphlet.

En même temps, l’avocat Milan Vuković publia son livre : Article 133 de la loi pénale de la République fédérale de la Yougoslavie sur Medjugorje. Procès du P. Jozo Zovko, Zagreb, 1990. Voici l’extrait de ce livre où l’auteur explique en détail l’origine de cette accusation. Aux pages 105 et 106 de l’ouvrage où il est question de l’inculpation du P. Jozo telle que consignée par les communistes, on peut lire :

Au cours de l’enquête (menée par le régime), l’accusé (P. Jozo) a reconnu avoir lu à l’évêque (de Mostar), lors de sa visite à Medjugorje, le 25 juillet 1981 (pour la confirmation), son ébauche d’allocution préparée pour saluer [p. 58]l’évêque, dans laquelle il écrit qu’« il faut prier pour les jeunes confirmés qui resteront parmi les loups afin que le temps des faux prophètes et des faux maîtres ne nous séduise pas », affirmant que ces paroles visaient l’évêque à cause du conflit (de la répartition des paroisses) entre les franciscains et l’évêque.

À la page 77 du même ouvrage, l’auteur rapporte les paroles que le P. Jozo, au cours de son audience à la Cour, prononça pour se défendre de cette accusation :

À propos du 25 juillet 1981, lors de la venue de l’évêque dans notre paroisse, et au sujet du mot de bienvenue à l’évêque, je peux dire que j’avais en effet préparé un mot de bienvenue écrit sur un bout de papier, destiné à le saluer. Dans mon texte je me suis inspiré de l’épître à Timothée (1 Tm 4, 1-2), n’ayant alors aucune arrière-pensée. Cependant, j’ai décidé de ne pas lire ce texte, de ne pas le dire, en choisissant un autre que j’ai préparé à partir des documents du Concile. Et c’est cela que j’ai dit, que j’ai prononcé, et non pas lu, à l’occasion de la venue de l’évêque. Ce que j’ai dit s’adressait particulièrement aux évêques en tant que pasteurs et enseignants. Par conséquent, j’aimerais qu’on me comprenne en ce sens de façon juste, car ce texte écrit, qui se trouve dans le dossier et que le président de la Cour me soumet aujourd’hui, je ne l’ai ni lu, ni prononcé.

Dans son recours en appel, le P. Jozo expliqua encore[28] :

Ce dont on me charge dans l’accusation et dans le verdict de condamnation, à propos du mot de bienvenue, [p. 59]n’est pas vrai. Cela a été tiré de l’ébauche que j’avais préparée comme mot de bienvenue, mais je ne l’ai pas dit. J’ai prononcé le discours qui, à ce moment-là, a été enregistré sur cassette audio. C’est pourquoi aucun témoin ne parle de cette ébauche car personne ne pouvait avoir entendu ce que je n’ai pas dit.

Le P. Jozo n’a donc pas lu ni prononcé cette ébauche qui donnait matière à l’accusation. C’est pourquoi les témoins, au nombre de quatre cents, affirmèrent n’avoir jamais entendu les paroles « loup » et « hypocrite » dans le mot de bienvenue à l’évêque. Les audiocassettes en sont d’ailleurs la preuve.

Dans son ébauche du mot de bienvenue, le P. Jozo citait l’épître à Timothée (1 Tm 4, 1-2) qui parle d’hypocrites et de fausses doctrines, mais cette ébauche sur un bout de papier, la police l’avait confisquée lors de l’arrestation du P. Jozo. Le procureur de l’État s’était servi de ce bout de papier versé au dossier pour prétendre que les mots « loups » et « hypocrites » visaient l’évêque, sachant qu’entre les franciscains et l’évêque, le conflit à propos du partage des paroisses persistait. Il s’est servi des méthodes communistes pour renforcer l’antagonisme entre les parties et provoquer la haine.

Nous savons en outre que, dans les documents portés au dossier, « loup » et « hypocrite » sont écrits au pluriel, c’est-à-dire des loups et des hypocrites, et ne peuvent par conséquent s’appliquer à une seule personne, en l’occurrence Mgr Žanić. L’avocat du P. Jozo, Milan Vuković, conclut avec raison dans la défense de son protégé :

[p. 60]Il n’y a pas de doute sur ce que pense l’accusé. De toute évidence l’accusé vise… la doctrine marxiste matérialiste d’aujourd’hui…, considérant ceux qui préconisent une telle doctrine, une telle politique comme des faux maîtres. Par conséquent, les confirmés vivront au milieu des loups.[29]

Qui connaît un peu la dialectique marxiste, comprend vite comment une expression telle que « loups et hypocrites », qui n’a même pas été prononcée, a pu être utilisée dans le but d’envenimer les relations entre les parties, c’est-à-dire le P. Jozo et son évêque.

 

26. Mgr Pavao Žanić, La Vérité sur Medjugorje, Mostar, 1990, § 20. [↩]

27. Les Cahiers d’Édifà, Miracles, apparitions. Édition hors série, Famille chrétienne, 1997. [↩]

28. Milan Vuković, Le Procès du P. Jozo, Zagreb, 1990, p. 122. [↩]

29. Lettre de l’avocat Milan Vuković à l’évêque de Mostar, 17 avril 1990. [↩]

 

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